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​Danica Seleskovitch est née à Paris le 6 décembre 1921 et décédée à Cahors le 17 avril 2001. Interprète de conférence, elle fonda, entre autres, la Théorie interprétative de la traduction.

TRADUCTions DE DOCUMENTS

Plus qu'un art, un métier..!

Danica Seleskovitch1 est née d’une mère française, issue d’une famille de la bourgeoisie du Nord et d’un père serbe, philosophe, appartenant à une lignée d’intellectuels yougoslaves. Orpheline de mère à 4 ans, Danica Seleskovitch reporte son affection sur son père et sur sa grand-mère maternelle, qui l’élève à partir de ce moment avec son frère cadet Zoran. En 1931, les enfants rejoignent leur père, entre-temps remarié et installé à Berlin où il enseigne à l’université. C’est ainsi qu'elle fait toutes ses études secondaires en Allemagne. En 1939, quand éclate la guerre, elle et les siens rentrent à Belgrade et elle reste dans la capitale yougoslave jusqu’en 1945. Pour échapper au régime communiste instauré par Tito, elle retourne alors à Paris, grâce à une bourse attribuée par le gouvernement français.

Depuis l’enfance, elle maîtrise plusieurs langues : d’abord le français, sa langue maternelle, (chez les Seleskovitch, on a toujours parlé français) ; elle parle l’allemand comme une autochtone, et elle connaît le serbo-croate, la langue de son père. Dès l'adolescence, elle acquiert de bonnes notions d’anglais, qu’elle va parfaire lors d’un séjour aux États-Unis à partir de 1950.

Dès son arrivée à Paris, en 1946, elle entreprend des études universitaires à la Sorbonne. Elle commence simultanément deux licences, d’allemand et d’anglais. Elle s’inscrit ensuite à l’agrégation, mais doit rapidement abandonner, faute d’argent. La bourse du gouvernement français est finie et son père en Yougoslavie n’a pas les moyens de l’aider financièrement. C'est alors qu'elle découvre une formation en interprétation de conférence à HEC, qu'elle suit entre 1949 et 1950.

Son père meurt au printemps 1950. Danica Seleskovitch vient de réussir son diplôme d’interprète de conférence. À ce moment-là, le Département d'État des États-Unis organise à Paris des tests de recrutement d’interprètes francophones pour servir lors des missions de productivité aux États-Unis, organisées dans le cadre du Plan Marshall. Ce programme visa à permettre à des Français d’horizons divers (syndicalistes, employeurs, journalistes, architectes) de découvrir les secrets de la productivité américaine pendant 6 semaines, accompagnés d'interprètes français. Au printemps 1950 Danica Seleskovitch embarque pour Washington, accompagnée de sa grand-mère. Elles restent aux États-Unis jusqu’en 1953.

Peu de temps après son retour en France, Danica Seleskovitch repart pour le Luxembourg. Elle est embauchée à la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) mise sur pied par Jean Monnet et Paul-Henri Spaak où l’on a besoin d’interprètes d’allemand. Toujours accompagnée de sa grand-mère, elle reste au Luxembourg jusqu’en 1955. Elle revient ensuite à Paris. Cette fois-ci, c’est pour y rester. Interprète de conférence free-lance, elle adhère à l’AIIC (Association Internationale des Interprètes de Conférence) en 1956 et s’engage en tant que secrétaire exécutif de l'AIIC entre 1959 et 1963.

Dès qu'elle commence à travailler comme interprète de conférence, elle réfléchit à son métier et à la façon dont le sens passe en interprétation. À partir des années soixante, elle commence aussi à mettre ses réflexions sur le papier. Son premier livre, L’interprète dans les conférences internationales, problèmes de langage et de communication est publié en 1968. Langage, langues et mémoire, étude de la prise de note en interprétation consécutive, préfacé par Jean Monnet et issu de sa thèse de doctorat d’État soutenu en 1973, est publié en 1975. En collaboration avec Marianne Lederer, elle élabore la théorie du sens, qui deviendra la Théorie interprétative de la traduction (TIT.). Délaissant l'optique linguistique qui a longtemps régné en maitre sur les études traductologiques, cette théorie, qui s'appuie sur la psychologie et les sciences cognitives (alors dans leur enfance), considère que traduire (et bien sûr interpréter), c'est d'abord comprendre, puis restituer dans une autre langue ce qui a été compris en laissant de côté les aspects purement linguistiques de l'original tout en tenant compte de ses effets de style.

À partir des années quatre-vingt, elle se consacre à la gestion de l’École supérieure d'interprètes et de traducteurs (ESIT), Université Paris III - Sorbonne Nouvelle), et se tourne de plus en plus vers l’enseignement de l’interprétation et la recherche en traductologie. Au cours de sa carrière d'enseignante et de chercheur, elle a formé d'innombrables disciples issus de tous les continents, qui continuent à faire vivre ses idées.

Danica Seleskovitch décède à Cahors le 17 avril 2001 à près de 80 ans.

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